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Uomo Alternativa
19 février 2014

16 morts à Kiev, Ianoukovitch refuse d'arrêter l'assaut

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Au moins 16 personnes ont perdu la vie mardi, alors que les forces de l'ordre ukrainiennes tentaient de déloger les opposants de la place du Maïdan à Kiev en Ukraine.

Au moins 16 personnes ont été tuées mardi, dont quatre sur la place du Maïdan à Kiev, occupée depuis trois mois par des manifestants que les forces de l'ordre ukrainiennes tentaient de déloger dans la nuit. Le président Viktor Ianoukovitch a refusé d'arrêter l'assaut et exige que les manifestants évacuent la place du Maïdan, a déclaré l'opposant Vitali Klitschko après l'avoir rencontré. «Quatre manifestants ont été tués lors du ratissage du Maïdan», a déclaré Sviatoslav Khanenko, responsable des services médicaux de l'opposition. Le précédent bilan officiel, publié avant l'assaut, faisait état de cinq civils et sept policiers tués dans des affrontements qui embrasent Kiev depuis mardi matin.

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Un mur de feu

Pour se protéger des forces de l'ordre, les manifestants rassemblés sur la place du Maïdan, haut-lieu de la contestation de l'opposition qui reproche au pouvoir d'avoir préféré un rapprochement avec la Russie plutôt qu'un accord avec Kiev, ont dressé mardi soir un mur de feu. Derrière ce rideau de flammes, des opposants, casqués, équipés de gourdins et de boucliers en métal semblables à ceux des policiers, formaient une première ligne de défense. Plusieurs milliers de personnes attendaient avec anxiété l'assaut final des centaines de Berkout --membres redoutés des forces antiémeutes-- qui utilisent canons à eau, grenades lacrymogènes et assourdissante.

Le QG des manifestants en feu

Plusieurs étages de la Maison des Syndicats, transformée en QG des manifestants en plein centre de Kiev et donnant sur le Maïdan, étaient en feu, a constaté un journaliste. Des opposants quittaient ce bâtiment et certains ont été évacués sur des brancards. Équipés de porte-voix, les policiers avaient auparavant demandé aux femmes et aux enfants de quitter les lieux, évoquant le déclenchement d'une «opération antiterroriste». Mais plusieurs milliers de contestataires ont refusé de bouger et ont alors entonné l'hymne national ukrainien. «On ne partira pas d'ici, c'est un îlot de liberté», a promis à la foule l'un des leaders de l'opposition, Vitali Klitschko.«Le pouvoir a déclenché une guerre contre son propre peuple», a asséné l'ancien champion de boxe, avant de se rendre à la présidence pour rencontrer Viktor Ianoukovitch.

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Les soutiens traditionnels du régime se retirent

Même des soutiens traditionnels du régime, comme l'oligarque Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine et le principal parrain du parti de Viktor Ianoukovitch, ont critiqué les événements en cours. «Les victimes humaines du côté des manifestants et des forces de l'ordre sont un prix inacceptable pour des erreurs politiques», a déclaré Rinat Akhmetov dans un communiqué, appelant à «cesser l'effusion de sang».

Centaines de blessés

L'un des civils tués est un employé du Parti des régions du président Ianoukovitch, dont le corps a été retrouvé au siège de cette formation politique, pris d'assaut et brièvement contrôlé par les contestataires, qui l'ont partiellement incendié. Les corps de deux autres personnes ont été découverts dans la zone des affrontements, mais la police a affirmé que leur mort n'était pas liée aux violences. Par ailleurs, au moins 150 manifestants ont été blessés, dont 30 grièvement - l'un ayant eu la main arrachée en ramassant une grenade assourdissante -, selon Oleg Moussiï, chef du service médical de l'opposition. Par ailleurs, 159 policiers ont été hospitalisés, dont 35 dans un état grave, a-t-on appris de source officielle.

Les violences s'étendent

Les violences menaçaient de s'étendre au reste de l'Ukraine. A Lviv, un bastion de la contestation dans l'ouest, les manifestants ont pris d'assaut les sièges de l'administration régionale et de la police, ainsi que de bâtiments militaires. A l'issue d'affrontements, quelque 5000 manifestants ont pris le contrôle des dépôts d'armes.

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Etat d'urgence qui ne dit pas son nom

Le mouvement de protestation, né en novembre de la volte-face du pouvoir qui a préféré un rapprochement avec la Russie plutôt qu'un accord avec l'UE, s'est rapidement transformé en un rejet pur et simple du régime. Le procureur général Viktor Pchonka a promis mardi soir «les peines les plus sévères» pour les responsables et les instigateurs des violences. Le pouvoir a aussi imposé une sorte d'état d'urgence qui ne dit pas son nom: le métro de Kiev a été fermé et les autorités ont annoncé que le trafic routier en direction de la capitale serait «limité» à partir de minuit, afin d'éviter «l'escalade des violences». De précédents heurts fin janvier avaient fait quatre morts et plus de 500 blessés.

Violences condamnées à travers le monde

La Russie a aussitôt condamné ce regain de violences, qu'elle a attribué à la politique des Occidentaux, qui «ferment les yeux sur les actes agressifs des forces radicales en Ukraine».

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De son côté, le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a appelé Viktor Ianoukovitch à retirer les forces de l'ordre des rues de Kiev et «à faire preuve de la plus grande retenue». Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit lui aussi «extrêmement inquiet». Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a brandi la menace de «sanctions» de l'Union européenne contre des dirigeants ukrainiens.

Pressions de la Russie

L'opposition à Kiev accuse le pouvoir de céder aux pressions de la Russie, qui a octroyé en décembre à l'Ukraine, au bord du défaut de paiement, un crédit de 15 milliards de dollars, dont trois milliards ont déjà été versés, et un important rabais sur le prix du gaz.

Elle s'impatiente aussi, les négociations avec le pouvoir étant au point mort, qu'il s'agisse d'une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs du président ou de la formation d'un nouveau gouvernement.

 

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